L’an mil sept cent quatre-vingt dix, le dimanche 28 Février, en l’Assemblée du Conseil Général de la Commune de Grandvilliers convoquée et tenue au lieu et en la manière ordinaire et accoutumée,
 
Il a été fait lecture d’une lettre adressée par Monsieur CALON, Chevalier de Saint Louis, originaire de ce lieu, et l’un de ses députés extraordinaires, par laquelle ce vertueux citoyen offre à la commune comme une marque effective de dévouement à sa Patrie, un cachet destiné à servir d’armoirie à cette ville et qu’il a composé pour rappeler aux siècles futurs la province dont Grandvilliers faisait partie avant la régénération du royaume et conserver à jamais l’emblème des qualités qui ont toujours distingué ses habitants.
 
L’Assemblée accepte avec reconnaissance ce cachet.
 
Il a été arrêté que les armoiries dont il est composé seront irrévocablement celles de la commune du district et de tous les autres établissements nationaux que cette Ville a lieu d’espérer et qu’en conséquence elles seront empreintes à la suite du présent procès-verbal.
 
L’Assemblée a arrêté, en outre, que l’explication qu’a faite Monsieur CALON de ces armoiries sera transcrite en son entier à la suite de leur empreinte et a chargé le bureau municipal d’écrire à Monsieur CALON pour lui témoigner satisfaction et lui faire ses remerciements; tous les membres composant ladite Assemblée ont signé avec le Procureur de la Commune et le Greffier.
 
Les Armes de la Ville de Grandvilliers sont un champ d’or à trois bandes d’azur au chef d’argent chargé: d’une fleur de lis de gueules accompagnée de deux fers en piques d’azur posées en pal, une couronne murale orne cet écusson et deux levrettes lui servent de supports.
 
EXPLICATIONS
 
Le champ d’or à trois bandes d’azur sont les armes de la province de l’Amiénois, elles sont le fond de celles de Grandvilliers pour prouver aux siècles futurs qu’autrefois cette Ville était comprise dans cette province.
 
Le chef blanc ou d’argent rappelle la droiture et la franchise de la nation picarde; la fleur de lis placée au milieu marque leur respect et leur union à leur roi et que dans le cœur, les habitants de Grandvilliers lui portent un amour pur.
 
Les fers de pique (*) posés en pal, la pointe en haut, annoncent que cette ville est toujours prête à s’armer pour la défense du roi et de la nation. Ces piques font en même temps allusion au nom picard qui, selon quelques auteurs, tire son origine de ce qu’ils se piquaient aisément. D’autres le font dériver de la pique dont on les fait inventeur et parce qu’ils furent les premiers qui firent usage de cette arme.
 
La couronne murale formée d’un cercle d’or surmontée de tours crénelées, était donnée par les Romains à celui qui le premier était monté à l’assaut et avait sauté dans la place.
 
Les deux levrettes, pour supports, sont le symbole de la fidélité; personne n’ignore que la Picardie est, de tout temps, restée fidèle et constamment attachée à ses rois.
 
Autour de l’écusson figure l’inscription: «MUNICIPALITÉ DE GRANDVILLIERS»
 
Et au bas: «LA LOY ET LE ROY»
 
(*) «Les soldats de ce pays» disait Jean Corbichon qui écrivait en 1370, «se servaient de dards et de piques plus qu’autres bastons; c’est pourquoi, d’aucuns les appellent PICARDS».
 
Cette qualification n’est devenue populaire qu’au XIIIè siècle; elle se rencontre pour la première fois dans le Guillaume de Nangis.